Vendredi, 8 octobre 2010
JEU DE L'OIE DE LA RÉVOLUTION ET DE L’EMPIRE recueil inédit
Retraite de Russie (par Janine Laval) Une remarque curieuse à ce propos : ces poètes qui vécurent la
Révolution ne l'ont point chantée. C'est que l'actuel n'inspire pas, et qu'il
faut à la poésie une certaine période d'incubation. L'aventure géante de la
Révolution, du Consulat et de l'Empire (si propre à enflammer les imaginations)
a inspiré ses peintres David et Gros. La peinture a devancé la littérature.
Pourquoi ? Émile HENRIOT
(napoléons,
sesterces, louis
busqués, charlottes
et marats, antoinettes-maries, vignettes
de grenier tombées d’un vieux
jeu de l’oie révolutionnaire à secouer
aujourd’hui en vrac hors de la
petite boîte de l’histoire)
LOUIS XVII Enfant, tout t’échappe : ta place dans le drame ; l’hostie que tu seras… Mais ta tête morte encore rit… Qu’a-t-elle retenu de ce jour d’échafaud ? Avocat claque-dent, égorgeur de tribune, ou le masque jaune qu’une enfant des faubourgs juchée sur les épaules de son père te tend, du poing (caprice, rire pur, doigt tendu vers la roue noire du chariot) ? * Alors que l’anneau du Temple ici déjà
refige ton cœur de salpêtre
humide et vieux cachot.
LOUIS XVII Triste infant de France à sang bleu d’Autriche et catogan
muré au Temple, comme une hostie de bois dans son coffrage de ciment, dis, enfant (que l’on aime pour ton enfance, celle du trône et sa vertu), dis : quel temps faisait-il autour de la Concorde une charrette à claies ? Ta mère t’a-t-elle expliqué seulement quelque chose, petit louis blondinet qui ne pourras devenir un gros Louis XVIII ni le sec Charles X ? Dernière image :la mort est une bête
Et seule l’histoire, dont le manche là-bas refrappe quelque enclume, a peut-être croisé ton regard comme une trappe. * Mais non… et maintenant,
ni les jeux de la Cour… ni le petit mitron… et ni le froid salpêtre… L’insulte, à peine et, de loin, la phrygienne cohue entre quatre, ou cinq, détails de rue (puisque reste * Un chien joyeux suit son bataillon à piques et casaques car à midi pour eux finie la guerre (combien d’années durera-t-elle ?) ; sur la terre soudaine du chemin. Et c’est bien le seul rêve gris pour toi ici qui braille ; hier dure toujours ; ta légende ne te sauve même plus ; et un perceptible voile gris ombre déjà le coin de ta paupière
nue. *
(…) La mégère et le greffier du Temple soulèvent la paillasse, inspectent
le logis (une bière, 7 livres, inhumation,
3, total 10) et
jettent ta besace de petites hardes au feu.
enfant sans lendemain, hi-er - vive
ténèbre sous un été trop lourd - pour
toi dure toujours (dernière
torche d’un dernier cortège, de front, rebraillant, au pied de tes murs,
jusque dans les griffes d’un dernier sommeil)
SAINT-DENIS
BASILIQUE sarcophages, gisants de plâtre
mérovingien, princesse inconnue dite Blanche de ., et cette autre, inconnue, dite
aussi Blanche de ., et tant d’autres, d’autres qui ont un nom - où l’on passe,
et eurent des dates Jean Ier dit le
Posthume, fils de Louis X le Hutin, roi cinq jours en novembre 1316 quelque
temps après la mort de son père poupon
royal de marbre, pieds contre un lion presque plus grand que lui et toi, cœur de bois dans une coupe
de cristal que l’on placera à Saint-Denis en 2004 face au médaillon de ton
frère premier dauphin mort un 4 juin 1789, à sept ans et demi, en pleins États
Généraux, à temps (puis jeune fleur pour un beau
jeune couple - agenouillé - ton père et ta mère - lisses statues - à quelques
dizaines de mètres de là) - toit pâle de tôle gris-vert de Saint-Denis Basilique (métro)
VARENNES 21
juin 1791, entre onze heures et minuit. Église
obscure de château formant voûte au-dessus de la route noire vers Montmédy, et
la proche et lointaine Allemagne. Drouet,
Guillaume, quatre gardes-nationaux et deux étrangers autour du gros coche
boulanger. Le procureur syndic (du nom de Sauce) hésitant sur vos passeports,
et ses fils criant au feu par le tombeau des rues. Que
c’est dur, d’être roi quand on est serrurier et géographe de génie à près de
minuit, face à une auberge, du nom de… où déjà ? à Varennes-en-Argonne. Louis
XVI, à Varennes, ce soir, je pense à ton bambin vivant, à l’image qu’il gardera
peut-être de cette amusette en petit mitron et
à ceci, pour vous, d’inédit : sol retourné, foin acide coupé, chemin creux sous
osiers - vigneron, sabotier, débitant de sel et de tabac - misère et débarras
d’une cour de ferme, longée au hasard d’un soir d’engrais frais et de fumure. Trois
guêpes, un frelon, dix abeilles. La glèbe vue du sol, sentie du sol ; non d’une
Diane allégorique de Versailles. Traite d’étable boueuse à herbage
fermenté ; loin des petits rubans de Petit Trianon. La
Reine grignote une brioche. Et ta berline royale de marque Dormeuse où tu viens de t’assoupir, en sursaut, et calmes ton vaste
et sédentaire appétit, à travers jachères, d’une nasse frite de poissons d’été
avance sans avancer le long d’une dernière levée de terre. Non
tu ne sais rien de ce village : odeurs, antiques vies, auberge et portefaix,
chien perdu (il y a toujours un chien perdu, quelque part, témoin de l’histoire
; qui s’enfuit hurlant loin d’une soudaine exécution). Sauce
hésite. Un sabot déferré et Drouet, de Sainte-Menehould, ne serait pas encor là
et tu pourrais suivre, malgré la nuit, vers où t’espèrent faisceaux, étendards,
relais. On
en fera, plus tard, un sous-préfet
. En
1793, en lieu et place du chœur de l’ancienne église, on construira ce beffroi
élégant et trapu à lierre (et vierge lisse que l’on ne remarque d’abord pas),
incendié par l’Ennemi le 14 septembre 1914 et
d’où glisse à l’instant une fine cloche de temps que je suis bien le seul à
récouter. Ah
citoyen Capet, connais-tu ces noms : Verdun,
Douaumont, village-rue à fontaine,
vigneron, sabotier, débitant de tabac, non loin d’ici, as-tu seulement ouï de
loin ces syllabes à l’estaminet, et ton pâle dauphin, trempé ses poumons
d’enfant à l’humidité fouie de tunnels et tranchées de cet autre nom : Argonne, où te voilà pris ? Et
s’il y avait eu ton frère Louis XVIII, avec un autre chiffre, sur le trône à ta
place ? Ou bien Charles X ? Mais non : la destinée ne s’invente pas, le drame a
besoin aussi de ta faiblesse, l’épopée du hasard, le roussin à Drouet de son
quatrième fer
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Ci-dessous le lien pour afficher le compte rendu de Daniel Aranjo du colloque "Napoléon en 2010" (Université de Corte, 6-8 septembre 2010)http://ninjamanu.free.fr/serendipity/uploads/communicationCorteenvoye5sept..pdf
Napoléon retient le soleil couchant : Pour que le soleil ne se couche jamais sur l'Empire...
Continuer à lire "Colloque à CORTE 6-8 septembre 2010 : Napoléon en 2010"
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Commentaires
dim., 02.04.2023 16:14
Bonjour
Auriez-vous la couverture de
ce livre ?
Mm erci
Solange about Encore des visions dans des plaques rouillées!!!
ven., 30.11.2012 17:56
ils sont nés par hasard
sur un bout de métal oublié
visages blafards
orbites vides regards hagards
la rouille s'est [...]
Solange about Des cartes à découper et en relief
ven., 30.11.2012 17:50
Une autre passion à ton actif
! que de patience ! Bisous.
Janine about nos visiteuses du petit déjeuner
mar., 20.11.2012 13:36
Ce commentaire était resté en
"souffrance" et je ne l'avais
pas vu. Je viens juste de le
lire et par hasard. Très jolie
[...]
Janine about Haïku orage imminent
jeu., 08.11.2012 17:14
Ça m'épate que tu n'aimes pas
les Haïkus, c'est en général
très joli et très poétique.
Moi j'adore ça, j'en ai écrit
des [...]
Solange about nos visiteuses du petit déjeuner
ven., 02.11.2012 23:13
et de plus en plus nombreuses
... par chez moi en tout cas.
Hier j'ai été aussi très émue.
Je me permets de raconter
[...]
Solange about Haïku orage imminent
ven., 02.11.2012 23:09
J'aime autant le tableau que
les vers qui l'accompagnent.
Ce ne sont pas tout à fait des
haïkus (que je n'aime pas du
[...]
Solange about un petit montage en dentelle !
ven., 26.10.2012 16:43
Petite balle de golf
endimanchée
sur dentelle déposée ...
Tu es dans ta période "boules"
Janine ? tu vas être
[...]
geneviève Unbichon about nos petits visiteurs arrivent tous les midis...
mer., 10.10.2012 21:43
Joli bain de moineaux dans ce
jardin paradisiaque, Ninja a
toujours cet oeil qui saisit
l'instant ! A bientôt !
Janine about nos petits visiteurs arrivent tous les midis...
mar., 09.10.2012 14:49
Merci Francine ! (je connais
plusieurs Francine, est-ce
l'amie de Solange ?)
Francine about nos petits visiteurs arrivent tous les midis...
mar., 09.10.2012 11:07
Bonjour Janine,
Je passe par là par hasard et
c'est toujours un plaisir.
Francine
claude davy about Rosier grimpant sans épine BANKSIAE, dit "bancillon"
ven., 24.08.2012 09:14
bonjour
où trouver cette merveille?
Janine about
mer., 15.08.2012 17:29
Oui, je fais tout mon possible
pour refaire surface, mais il
y a encore de grosses
vagues...
Fred about
mer., 15.08.2012 16:45
En voilà une bonne nouvelle
(et je parle pas de la
météo!).
gros bisous
biron about Le "crassier" d'Alès (terril selon les régions)
mar., 07.08.2012 15:31
Bonjour,
J'ai aimé vos articles.
Ce n'est pas pour un
commentaire, mais juste pour
savoir comment y aller a
partir du [...]