Bric A Brac

Je l'ai écrit il y a presque un an déjà, mais je le mets par ce qu'il concerne justement Jacqueline Quatremaire dans la galerie réalisée par les élèves de 3ème d'Ivry-sur-Seine.

Inspiré
par une petite cousine, Jacqueline QUATREMAIRE, décédée
à Auschwitz en 1943 en déportation âgée de
25 ans, avec Danielle Casanova.

Pour
toi, Jacqueline !

L’odieux
silence froid de ces milliers de morts

Me
perce les tympans et le cœur, comme un cri.

Des
épées de cristal, aux branches des cyprès,
pendent encore,

C’est
au cœur de l’hiver qu’ils t’ont pris.

Tu
n’as que vingt-cinq ans mais l’avenir s’arrête.

Cet
horrible train noir t’emmène dans le vent,

Avec
tes compagnons, comme un convoi de bêtes

Vers
l’abattoir, épuisés et tremblants.

Un
peu du même sang circulait dans nos veines :

Tes
parents étaient cousins des miens.

Mais
quand tu es partie, j’avais deux ans à peine,

Je
n’ai rien su de leur douleur et leur chagrin.

Unies
à tout jamais dans un même destin,

Avec
ton amie, plus connue, Danielle Casanova,

Vous
avez défriché ensemble ce long chemin

S’éloignant
de la peur et la haine, où vous guidez nos pas.

Ainsi,
certains soirs, de Nuits et de Brouillards, tu vois,

Je
pense encore à toi.

Lune de nacre

Fleur de nacre, éclose dans la nuit,

Nous regarde dormir, de son œil étonné.

Etrange et pâle soleil de minuit.

Rythme les mois, les années.

Enrobe mes insomnies de froidure,

Peuple mes rêves de fantômes

Chuchotements et murmures

Mais bienfaisants comme un baume.

Eclaire les statues d’albâtre

Au milieu des buissons de roses

A ciel ouvert, d’un théâtre,

Que ta lueur métamorphose.

Et les étoiles elles-mêmes

S’écartent sur ton passage

Craignant que ton teint blême

Leur soit mauvais présage.

Mais moi je sais ton pouvoir,

Ta beauté malgré ta pâleur,

A ma fenêtre certains soirs

Tu me regardes avec douceur.

Fleur de nacre, perle de la nuit

Un manteau
d’Arlequin

Lambeaux de souvenirs

Accrochés aux barbelés du temps

Flottent aux vents

Comme des mouchoirs

Mouillés de larmes

Agités par des mains tremblantes

Sur des quais de gare.

Des navires dans des ports

Piétinements dans le champ des morts

Tout ce qui part

Tout ce qui vient

Et tout ce qui ne revient pas !

Des sons de cloches

Pour une vie qui commence

Pour une qui s’éteint

Soldats qui vont au front

Une fleur au fusil

Qui roulent dans la boue des tranchées

Et qu’on ne revoit pas

Des fêtes et des défaites

Des cris de joie

Des plaintes

Du bonheur

De la douleur

De la tendresse

De la peur

Une vie en somme

Une vie de toutes les couleurs

Comme un manteau d’Arlequin

Posé sur un berceau vide.

A l’occasion de la foire de la Saint Barthélemy, le 24 août
2007, à Alès, Janine Laval dédicacera son recueil de poèmes
« Palindromes » toute la journée à la Librairie Sauramps en Cévennes.

Des recueils seront disponibles à l’achat sur place :

Plage d’Octobre.

Cornes de brume à la brisure des
vagues

Chants des sirènes à l’ombre des récifs.

Le hurlement du vent

S’engouffre dans ma tête

Il pleut sur les palmiers

Comme sur les châteaux de sable

Les plages sont désertes

Reste encore vers les dunes

L’empreinte de tes pas.

De longs roseaux frileux

Se courbent sous l’averse

Les lourds nuages gris

Comme des chevaux sauvages

S’enfuient sous les éclairs

Il pleut sur mes souvenirs

Comme il pleuvait sur Brest

Et tu m’appelais Barbara !

J’ai ramassé quelques morceaux
de bois

Malmenés par le ressac

Tortueux comme des serpents

Mouillés d’eau de mer et de larmes.

Dans les cris aigus des mouettes

Et des goélands,

J’entends des appels au secours

Mais c’est mon cœur qui crie !

Janine Laval

Vendredi 15 juin 2007